Etienne Caniard est né le 24 juillet 1952 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Président de la Mutualité Française (FNMF) depuis le 14 décembre 2010, il a parrainé la naissance de la mutualité Ivoirienne le 2 février 2016 à Abidjan. Dans cet échange, il revient sur la coopération Nord-sud exprimée à travers le Programme Pass, et les défis auxquels la mutualité Ivoirienne et africaine en générale, devra faire face.Vous êtes le parrain de la Mutualité Ivoirienne. Quels sentiments vous animent devant la naissance de cette entité ?C'est toujours une grande émotion et un privilège que de participer à la naissance d'un mouvement. Si la mutualité en Côte d'Ivoire a des bases solides, qui s'appuient sur des mutuelles qui ont plus d'une dizaine d'années d'existence, la création de la mutualité de Côte d'Ivoire est un changement d'ambition, le début d'une nouvelle étape.Cette étape est d'autant plus importante qu'elle accompagne la réforme de la Couverture Maladie Universelle en Côte d'Ivoire. La responsabilité de l'Union naissante en est plus grande et sa légitimité renforcée.Je suis persuadé que se dessine une évolution qui marquera l'histoire de la protection sociale ivoirienne. Nous aurons l'occasion d'en reparler dans quelques années.De votre point de vue, quels sont les principaux défis que la Mutualité Ivoirienne et plus généralement dans les pays l'Uemoa, devront relever ?Le défi principal pour les mutuelles dans la zone UEMOA est de parvenir à susciter l'adhésion des jeunes, il est essentiel de transmettre des messages porteurs d'espoir et de perspectives, mais aussi d'opérer les regroupements nécessaires à la consolidation de notre mouvement.On ne mesure jamais mieux l'importance de la solidarité que lorsqu'on est en difficulté, il est important que chacun en ait conscience pour donner plus de légitimité à tous les outils de solidarité. Cela est très important, c'est aussi l'un de mes combats en France.Dans un pays comme la Côte d'Ivoire dont la jeunesse est un des principaux atouts, il faut qu'elle soit le principal artisan de la construction de la mutualité. Il faut trouver les portes d'entrées et les mots qui vont permettre de trouver un écho dans l'esprit des jeunes, essayer de comprendre ce que la solidarité signifie pour eux et ne pas penser à leur place en essayant de nous souvenir de ce que nous pensions à leur âge, l'époque n'est plus la même!Le monde a beaucoup changé, les attentes et les perspectives des jeunes ne sont plus les mêmes. C'est à la fois plus difficile, mais aussi plus exaltant, plus enthousiasmant qu'à notre époque parce que personne n'a connu des transformations aussi importantes que celles que nous vivons. Un monde nouveau se construit sous nos yeux et la mutualité y a toute sa place à condition qu'elle sache faire porter ses valeurs par ceux qui seront les acteurs du monde de demain c'est-à-dire les jeunes.Quel est l'intérêt pour un pays comme la France de soutenir l'expansion du mouvement mutualiste en Afrique ?C'est l'histoire de nos pays qui nous lie mais aussi les relations humaines et individuelles. Nous sommes des sociétés de personnes et nos mouvements n'existeraient pas sans l'engagement des uns et des autres. On peut citer par exemple les liens anciens qui existaient entre les mutuelles de l'éducation nationale dans les pays d'Afrique et la MGEN en France. On peut également parler des liens qui se sont crées au niveau international par notre engagement commun (Européens et Africains) dans l'Association Internationale de la Mutualité (AIM) ou dans l'Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS). On peut enfin évoquer les nombreuses entités mutualistes françaises (mutuelles ou union départementales) qui mènent des partenariats fructueux avec des acteurs mutualistes africains.L'engagement de la Mutualité Française répond à un objectif simple mais essentiel: participer, au côté des mutualistes africains au développement et à la pérennité du mouvement mutualiste au plan international. Nos valeurs sont universelles et nous devons travailler ensemble pour qu'elles rayonnent partout. Mais si les valeurs sont universelles, la mutualité peut prendre des formes différentes selon les pays car elle doit être adaptée à son environnement. Mais nous avons le sentiment de partager beaucoup de choses avec nos amis d'Afrique francophone, nous avons une culture et une histoire communes ce qui rend notre collaboration particulièrement pertinente et légitime. Dans un monde qui cherche parfois ses repères, nos liens et nos engagements communs ont des racines profondes et sont porteurs d'espoir.