II Présentation du PASS
Pendant le congrès de la Mutualité Française, le PASS a été présenté aux groupements mutualistes.
Cette présentation qui a eu lieu le 11 juin, a été introduite par Etienne Caniard, Président de la Mutualité Française et Jean-Philippe Huchet, directeur du PASS. Etienne Caniard a souligné combien le partage des valeurs mutualistes entre responsables français et africains était indispensable pour l'avenir du mouvement mutualiste à travers le monde.
La séance a été animée par Abdelmoula Abdelmoumni (Président de l'UAM) et Mamadou Soro (Président de l'UAM-AFRO) qui ont démontré la vitalité du mouvement mutualiste africain en présence de nombreuses délégations étrangères et notamment de Babassa Djikiné Président de la Mutualité du Mali, Innocent Makoumbou Secrétaire Permanent de la Conférence Inter africaine de la Prévoyance Sociale (CIPRES), Abdelaziz Alaoui Vice-président Afrique de l'AIM, et d'Alain Coheur représentant le programme Belge Masmut.
La présentation du PASS a permis de sensibiliser des mutuelles françaises aux enjeux du développement et de la structuration du mouvement mutualiste en Afrique. Les liens entre les différentes organisations africaines et européennes ont été évoqués. La pertinence du choix de la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour le travail du PASS a été mise en exergue. Des systèmes de sécurité sociale sont en train d'être développés dans cette zone par les autorités nationales et les mutuelles doivent y prendre toute leur place afin de s'assurer une croissance harmonieuse. Cela doit se faire en se référant au rapport de l'AISS « Les mutuelles, un outil pour le développement de la protection sociale dans le monde, en particulier dans le secteur de la santé », qui indique que les mutuelles sont un outil d'extension nécessaire et utile de la protection sociale.
Mamadou Soro, Président de l'UAM-AFRO, est revenu sur l'action remarquable des mutuelles françaises qui appuient le développement des mutuelles africaines, ainsi que sur l'action des partenaires belges, via le projet Masmut, qui participaient également à la présentation. Il a évoqué par la suite l'action de l'Union Africaine de la Mutualité (UAM), qui le 16 décembre 2014, a décidé de mettre en place quatre bureaux régionaux. L'UAM Afrique de l'Ouest (UAM-AFRO) en est le premier exemple. Cette évolution révèle la volonté forte des acteurs mutualistes de l'Afrique de l'Ouest de se regrouper afin d'agir ensemble. L'UAM-AFRO s'engage avec l'appui des mutuelles françaises et belges sur quatre priorités :
- Travail sur la convergence,
- Apport d'une couverture substantielle aux populations,
- Accompagnement de l'offre de soins de qualité,
- Renforcement de l'entreprise mutualiste dans l'économie sociale et solidaire.
Pour réussir, un appui politique de haut niveau est nécessaire. Les mutualistes français et belges doivent maintenir et si possible renforcer leur soutien à l'UAM-AFRO dans cette période aussi déterminante pour l'avenir du mouvement mutualiste africain.
Les présentations de Mamadou Soro et de Jean-Philippe Huchet ont été suivies d'une série de questions démontrant l'intérêt des participants pour la mutualité africaine.
Journaliste AFIM : Quel est le taux de couverture en Côte d'Ivoire aujourd'hui et celui prévu dans dix ans ?
Au sein de l'UEMOA, entre 2,5% et 8% des personnes sont couvertes par les assureurs privés et les mutuelles. Ces dernières couvrent entre 1% et 5% de la population. Les mutuelles souhaiteraient couvrir jusqu'à 45% de la population d'ici dix ans.
Franck Drouin (Kaissa) : La Couverture Maladie Universelle (CMU) sera bientôt mise en place en Côte d'Ivoire. Quelle est la place des mutuelles dans ce nouveau système ? Que rôle joue le PASS dans le positionnement de la MUGEF-CI concernant la CMU ?
Les mutuelles ont un rôle essentiel dans la mise en oeuvre de la CMU. La MUGEF-CI a mis 27 de ses locaux déconcentrés à disposition de l'institution chargée de l'enrôlement pour la CMU. Elle a également utilisé son réseau dans les 107 départements ivoiriens afin de relayer l'information sur le nouveau dispositif. Les mutuelles sont donc à la disposition de la CMU.
Le PASS est un appui significatif, qui répond a une attente forte du mouvement mutualiste africain. Les initiatives françaises et belges, ont permis de faciliter l'échange Nord-Sud et Sud-Sud. Il y a eu un partage d'informations. La présence de Thierry Beaudet, Président de la Mgen, venu par l'entremise du PASS, illustre l'utilité de ces partenariats. L'appel à l'unité lancé par le Président de la Mgen, a notamment participé à la décision de l'ensemble des mutuelles de Côte d'Ivoire de démarrer un processus visant à la construction d'une faîtière mutualiste qui devrait aboutir vers la fin 2015.
Anton Camp (Unéo) : AXA a une ambition forte en Afrique de l'Ouest. La présence de cette multinationale et plus généralement celle de grands groupes privés d'assurance, peut-elle entraver le développement des mutuelles ?
AXA est présente depuis longtemps, sous un autre nom, en Afrique de l'Ouest. En effet, elle avait racheté une compagnie existante : « l'Union Africaine ». Cette présence ne fait que renforcer la nécessité et l'intérêt pour les mutuelles ivoiriennes d'instaurer une faîtière et de travailler pour une couverture large de la population. L'existence de ces compagnies privées d'assurance amène les mutuelles à collaborer de manière plus efficace. Anne Marie Harster (administratrice de la Mgen) : Quelle est le niveau de vie démocratique et de la parité dans la MUGEF-CI ?
La MUGEF-CI souhaite une structuration inclusive pour que les valeurs démocratiques soient promues au sein des mutuelles. Le règlement communautaire est une avancée majeure car il garantit le principe fondamental : « un adhérent : une voix ». Ce texte encadre le mouvement mutualiste pour que la démocratie soit réelle. La gouvernance, les élections au suffrage universel direct, la séparation des pouvoirs entre l'Assemblée Générale, le Comité de contrôle, le Conseil d'Administration assurent cette démocratie interne.
La parité n'est pas évoquée dans le règlement communautaire et des efforts sont encore à réaliser. Des progrès ont été accomplis. Il y a aujourd'hui 20% de femmes dans le Conseil d'Administration de la MUGEF-CI alors qu'auparavant il n'y en avait aucune.
Administrateur d'une Union territoriale : La Guinée n'est pas membre de l'UEMOA. Cependant, elle présente des enjeux similaires à la situation ivoirienne. L'assurance maladie obligatoire va être instituée. Les mutuelles guinéennes souhaitent y avoir une place importante. Elles cherchent donc l'appui politique de l'UAM-AFRO et un partage d'expériences afin d'intégrer les mutuelles dans le système de protection sociale national.
Bien évidemment, l'UAM-AFRO est tout à fait favorable pour intégrer la Guinée. En effet, les problématiques sont en bien des points similaires à celles des pays de l'UEMOA. Nous avons eu l'occasion d'en discuter lors de la rencontre du Bureau élargi de l'UAM-AFRO en Mai dernier au Sénégal. Il en est ressorti une vision commune partagée par les acteurs guinéens et l'UAM-AFRO qui travaillent donc d'ores-et-déjà en commun. A cet effet, dans les mois qui viennent, le Bureau de l'UAM-AFRO sera en Guinée pour débattre d'un plan d'action pour un mouvement mutualiste guinéen fort au centre du système de protection sociale national.